La forge des idoles

PROTESTANTISMES ET IMAGES - 1517-2017 - 500 ans de la Réforme 1/6


Cette photo du temple de Saint-Cézaire illustre bien le dépouillement des lieux de culte calvinistes et, à travers la chaire et la Bible ouverte sur la table de communion, la place centrale que la Parole de Dieu y occupe. 

Marion MESSADOR, Nathanaël TRAVIER, Temple de Saint-Cézaire (Église protestante unie). – 2017


Cette esthétique contraste avec celle des églises luthériennes qui accueillent volontiers peintures et sculptures. La Réforme luthérienne, avec des artistes comme Cranach l’Ancien, a même développé une iconographie spécifique dont les retables de la Loi et de la Grâce sont l’exemple le plus caractéristique.

Cette différence dans les lieux de culte reflète une différence de théologie.

Pour Luther, l’image n’est, en elle-même, ni bonne ni mauvaise. Il n’y a donc pas lieu de l’interdire, seulement d’en contrôler l’usage. Et sous ce rapport, le principal risque n’est pas l’idolâtrie mais la prétention à gagner le Ciel par des œuvres méritoires, prétention à laquelle l’image a partie liée à travers les fondations pieuses, les pèlerinages ou le culte des saints. 

Pour Calvin en revanche, la position de Luther comme celle des catholiques, pèche par un excès d’optimisme. Il ne suffit pas de distinguer entre l’image dans sa matérialité et la personne qu’elle représente – entre le crucifix et le Christ, par exemple – pour en être quitte avec l’idolâtrie car            « l’esprit de l’homme est une boutique perpétuelle et de tous temps pour forger [des] idoles. » Sitôt qu’il y a image, il y a risque de superstition…

D’autres photos des temples nîmois et une présentation de la théologie contrastée des réformateurs en matière d’images sont à découvrir dans l’exposition Protestantismes et images. Hall de Carré d’art, jusqu’au 3 décembre.

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