Écho des livres du 4 février 2017

C’est Denise qui ouvre le bal, vu qu’elle a pris la peine de nous envoyer ses critiques par mail, et nous l’en remercions. C’est parti …

Denise a lu


Amin Maalouf : « un fauteuil sur la Seine »

Chaque nouvel élu à l’Académie Française doit faire l’éloge de son prédécesseur dont il va occuper le siège .

En prenant possession du 29ème siège, Amin Maalouf se plonge dans la vie, l’oeuvre, le parcours de Claude Lévi Strauss mais un remord l’habite. Lorsqu'il écrivit son premier livre, un historien oublié aujourd’hui : Joseph Michaud , avait été un puits d’informations essentielles pour son roman. Joseph Michaud ayant occupé, à la révolution, le 29ème siège de la vieille maison , il aurait voulu lui consacrer également un petit paragraphe, ce qu ‘il n’a pas pu faire, l’oeuvre de Lévi Strauss étant trop conséquente et riche .

D’où l’idée d’écrire ce livre sur tous ses prédécesseurs dans le 29ème siège de l’Académie depuis sa fondation en 1629. Ce qui , au départ aurait pu être très rébarbatif, se révèle un roman sur la généalogie en quelque sorte de l’antique vieille maison, raconté charnellement, qui fourmille d’anecdotes et devient un fil vivant qui convoque tour à tour chacun des protagonistes, les fait revivre et mourir selon les périodes très mouvementées de notre Histoire de France.

j’ai découvert François de Callières dont le livre « de la manière de négocier » et la vie est d’une modernité absolue : il est le premier européen en fait dans sa vision des relations politiques et économiques et son livre réédité, après des siècles d’oubli, est cité aujourd’hui pour sa vision intemporelle politique.

c’est très bien écrit, vivant, jamais ennuyeux, on apprend la petite histoire dans la grande, les coulisses de la scène. Grâce au siège n° 29 ! à lire absolument et à acheter .

« Venir au monde » Margaret Mazzantini

Roman palpitant , bouleversant, terrifiant qui se déroule en Italie et en grande partie à Sarajevo, avant, pendant et après la guerre des Balkans et ses atrocités.

L’héroïne Gemma retourne sur les traces de Diego ,son amour perdu en Bosnie avec le fils de celui-ci. Par allers et retours, passé, présent, nous épelons sa vie, ses amours, la guerre, sa quête éperdue de maternité et nous allons vivre une chute hallucinante qui va mettre au monde réellement tous les protagonistes. l’adolescent Pietro, sans qu’il ne le découvre jamais, sera le vecteur de résilience pour tous.

Magnifiquement bien écrit, ayant obtenu de nombreux prix , on n’en sort pas indemne, surtout que les cendres balkaniques couvent des braises de haine encore aujourd’hui .

Chantal a lu


« A l’orée de la nuit » de Charles Frazier

Dans les années 1960, Luce, qui vit seule dans les Appalaches, recueille Frank et Dolores, les enfants de sa sœur, traumatisés d'avoir assisté au meurtre de leur mère par leur beau-père, Bud. Mais ce dernier essaie de retrouver les jumeaux, certain qu'ils lui ont volé de l'argent. ­

« De très belles descriptions de paysages, dans la nature des Appalaches. C’est bien écrit, et prenant. »

« Paix à leurs armes » par Olivier Bottini

Constantine, octobre 2012. Un cadre allemand de l'industrie d'armement est enlevé par des terroristes. Le gouvernement algérien met en cause les islamistes, alors que le rapt a eu lieu loin de leur zone d'action habituelle. Eley, un policier chargé de la sécurité à l'ambassade, décide de mener sa propre enquête. ­

« Il y a beaucoup de suspense, et on apprend plein de choses sur les trafics d’armes, les services secrets algériens et allemands. On voit bien que les principes moraux ne tiennent pas une seconde face à l’argent ! C’est très bien ! »

Anne-Marie a lu


« le complot contre l’Amérique » par phillip Roth

Il s’agit d’une uchronie : l’histoire si… Charles Lindberg avait été élu à la place de Roosevelt. Il s’agit d’une fiction proche de la réalité, qui décrit la réaction vis-à-vis des juifs. Lindberg ne voulait pas engager les Etats-Unis dans la guerre. C’est donc d’une grande actualité sur les migrations, les replis identitaires.

Claude a lu


« Lettre à helga » par Bergsveinn Brigisson

L’histoire d’un amour fatal dans un milieu de fermiers éleveurs de brebis. Bien raconté, ça serre la gorge ! Et la beauté des paysages… !

« Le miel » par Slobodan despot

C’est une étrange histoire, avec un malade, un vieil apiculteur, une herboriste…tout ça vu par un serbe ! Il s’agit d’une sorte de conte philosophique, envoûtant : par temps de guerre, un fils part chercher son vieux père, qui vit isolé dans les montagnes avec ses abeilles.

« Rosa Candida » par Audur Ava Olafsdottir

Le jeune Arnljotur quitte la maison familiale, son frère autiste, son père octogénaire. Sa mère est récemment morte dans un accident de voiture durant lequel elle a eu la force de téléphoner à son fils pour lui dispenser ses dernières volontés. Arnljotur partageait avec sa mère le jardin et la serre où elle cultivait une espèce rare de Rosa candida à huit pétales.

Poésie, délicatesse et humour !!! Ce roman décrit une grande délicatesse dans les liens familiaux.

Bidie a lu


César Aira est un auteur argentin méconnu en France, vivant dans le quartier Flores, à Buenos Aires, et dont il s’inspire beaucoup. Il écrit de petits bouquins, qui me l’ont fait aimer crescendo.



« Le prospectus » : Une jeune femme actrice informe les habitants de son quartier de l’ouverture d’un atelier de théâtre. On va assister à la métamorphose de la vie réelle en roman d’aventure.

« J’étais une petite fille de 7 ans » : Dans une ultime tentative de remédier à la perpétuelle insatisfaction de son épouse, une psychologue lacanienne sans titre, le père d'une fillette de 7 ans fonde une monarchie turque heureuse en Bizcaye et devient roi.

Beaucoup de poésie…comme un rêve !

« Les nuits de Flores » et « Le congrès de littérature »

Hélène a lu


« Peste et choléra » par Patrick deville

Construite autour de la figure d'Alexandre Yersin, cette aventure scientifique retrace le parcours d'un chercheur, disciple de Pasteur, qui fut associé à la découverte du bacille de la peste à Hong Kong en 1894.

Je me suis régalée, j’ai été séduite par l’écriture : précise, efficace, minimaliste… Alors que c’est un univers dont je n’ai rien à faire !

« Sauf riverains » par Emmanuelle Pagano

Il s’agit du deuxième tome de la « trilogie des rives », après « Lignes et fils », qui pour moi, avait été un vrai coup de cœur. Là, on dirait qu’Emmanuelle Pagano « s’est perdue dans son livre » (Chantal : « Tiens, une élève a écrit la même chose dans une copie d’épreuve de brevet blanc !!! ») : elle fait trop de digressions. Après, ça se recentre. Dommage, car c’est inintéressant : sur l’ennoyage de la vallée du Salagou, où le grand-père de l’auteur possédait deux petites vignes.

Il y a de la poésie, une belle évocation de la nature….mais elle a voulu trop en faire !

« Premières neiges sur Pondichéry » par Hubert Haddad

Hochea Meintzel, un violoniste israélien virtuose, fils de déportés, est invité à Chennai, en Inde du Sud, par un festival de musique carnatique. Il décide de s'y rendre afin de quitter définitivement la société israélienne. Il apprend par hasard l'existence de la synagogue bleue de Cochin, laquelle rassemble une communauté hébraïque ancestrale.

Il y a de belles choses dans ce livre, surtout sur ce que c’est qu’être juif… Faudrait peut-être que je m’arrête de foncer tête baissée vers les auteurs que j’aime ! J’avais adoré « Ma » et « Le peintre de l’éventail ».

Françoise a lu


« Les disparus du phare » par Peter may

C’est un bon polar, exactement comme dans la trilogie écossaise…la beauté des Hébrides !!!

Avec, de surcroît, une intrigue un peu écolo, sur les abeilles…

« Petit pays » par Gaël faye

Burundi, 1992. Gabriel a 10 ans. Il vit dans un confortable quartier d'expatriés avec son père français, entrepreneur, sa mère rwandaise et sa petite sœur Ana. Alors que le jeune garçon voit avec inquiétude ses parents se séparer, la guerre civile se profile et, par vagues successives, la violence envahit le quartier.

Le succès de ce jeune, pour son premier roman, est amplement mérité : une belle écriture, fluide, évidente.

Evelyne a lu


« Dans la mer, il y a des crocodiles » par Fabio geda

Enaiat a dix ans lorsque sa mère l'oblige à fuir leur petit village de Nava, dans la vallée de Ghazni, en Afghanistan. Elle l'abandonne de l'autre côté de la frontière, au Pakistan, pour le protéger car Enaiat appartient à l'ethnie mongole, persécutée par les Pachtounes et les talibans. Pour lui débute alors un périple de cinq années jusqu'en Italie en passant par l'Iran, la Turquie et la Grèce.

Épopée d’un petit garçon, du Pakistan jusqu’en Italie (Turin). C’est une histoire vraie, mais pas larmoyante.

Actuellement, il y a 31000 mineurs SEULS en France !

« Histoire de la violence » par Edouard Louis

C’est l’histoire du viol dont il a été victime. Il écoute sa sœur raconter l’histoire qu’il vient de lui confier à son mari.

J’ai bien aimé, il y a une certaine empathie entre le violé et le violeur.

Sandrine a lu


« Née contente à Oraibi » par Bérengère Cournut

Parcours initiatique d’une jeune hopi, en Arizona, dans la lignée de « Soleil Hopi » de Don Talayesva, mais il s’agit là d’un roman. Et, par rapport à un récit ethnologique, j’avais peur d’être un peu déçue…mais non, car, je pense, l’écriture est au plus juste : sans fioriture, elle ne « fait pas comme si », elle n’essaie pas de copier, d’imiter. L’écriture est simple, presque neutre. On est dans un récit.

J’ai beaucoup aimé ce voyage…

Le 18 mars, nous consacrerons un temps du comité à la sélection de romans « Coup de soleil » 2017.

Et nous nous quittons sur une citation de Hubert Haddad, extraite de « Premières neiges sur pondichéry » (merci Hélène):

« Il n’existe de communauté que par la culture et l’esprit, et celle-là ne se perpétue que dans l’accueil et le partage »

Sandrine S.

Aucun commentaire:

Fourni par Blogger.