Je suis un cinéphile, et j’en suis fier

FESTIVAL ÉCRANS BRITANNIQUES

Ce n’est pas une maladie génétique, plutôt un virus qui s’attrape. On ne nait pas cinéphile, on le devient. Mais comment ? Il n’y a pas de poudre de perlimpinpin, pas de baguette magique, pas de mode d’emploi en dix tomes… Non le seul traitement applicable pour espérer devenir un cinéphile est l’exposition prolongée et régulière aux films. Vous savez ces œuvres de fiction (ou pas) un temps fixées sur pellicule (mais plus trop maintenant) et qui peuvent être très variables, tant par leur longueur, leur genre que leur style visuel ou narratif.

Toute personne un tant soit peu amoureuse du cinéma vous le dira, l’expérience de visionnage d’un film se vit encore mieux sur grand écran dans une salle sombre, entouré de congénères de tout âge, de toute condition et de tout sexe. Je ne suis pas un cinéphile extrémiste, pour moi un film peut même s’apprécier sur un écran de télé et d’ordinateur, voire pourquoi pas de smartphone (ça m’arrive, même si forcément j’ai un peu honte) ! Je suis un cinéphile, mais je me soigne. Parfois même à coup d’injection de séries télé (que j’adore aussi) !

Mes premiers amours de cinéphile, je les ai d’ailleurs vécus adolescent sur petit écran grâce aux séances tardives sur les chaines du service public : Orson Welles, Jacques Tati, Roman Polanski, Laurence Olivier,… Je vous ai tant aimés !

Puis plus tard, à force de me jeter sur tous les films qui passaient à ma portée, j’ai découvert un type de cinéma qui m’intriguait particulièrement : coincé entre le cinéma américain et le cinéma européen, vit un cinéma qu’on a toujours prétendu moribond, toujours en crise, mais qui a mis au monde certains des plus grands : Alfred Hitchcock, Michael Powell, Carol Reed, David Lean, Tony Richardson, Lindsay Anderson, Karel Reisz, Nicolas Roeg, Mike Leigh, Ken Loach,… La liste n’est pas exhaustive !

En plus de tous ces grands réalisateurs, j’ai découvert des multitudes de perles que la critique méprisante a tendance à ignorer car elles ne font pas partie d’une œuvre cohérente ou parce que leur réalisateur se serait égaré dans des films de commande et aurait ainsi perdu toute légitimité artistique.

C’est ce qui m’amène à présenter aujourd’hui au Festival Ecrans Britanniques un film comme All Night Long réalisé par Basil Dearden en 1962. Cette relecture très libre d’Othello dans un club de jazz londonien l’espace d’une soirée est pour moi l’une de ces perles sur lesquelles on peut tomber parfois par hasard lors de nos recherches sans fin du Saint Graal, de la perle à ajouter à notre bibliothèque idéale de films.





Quel lieu je préfère fréquenter en tant que cinéphile ? Un festival évidemment. Amener un cinéphile dans un festival de cinéma c’est comme amener Charlie à la chocolaterie. C’est un lieu de rêve. Car voici ce que les Ecrans Britanniques sont pour moi : un fantasme devenu réalité. J’y reviens chaque année depuis quatre ans, et je suis toujours admiratif du travail de passionnés effectué par les organisateurs. J’apprécie plus que tout la diversité et la qualité de la programmation. Et chaque fois je repars riche de quelques perles supplémentaires à ajouter à ma collection.

Cette année, j’ai été touché par l’humanité de Blood Cells, j’ai été ému par le couple improbable formé par Pablo Neruda et un facteur italien dans Il Postino de Michael Radford. J’ai ri aux éclats aussi bien devant Much Ado About Nothing, la brillante adaptation de Shakespeare signée Kenneth Brannagh, que devant Moonwalkers  qui raconte le tournage de l’alunissage d’Apollo dans un hangar londonien filmé par des hippies pour la CIA. J’ai été happé par l’avant-gardisme d’un Derek Jarman dont la bande son de l’expérimental The Angelic Conversation était interprétée sur scène par deux musiciens et enrichie des sonnets de Shakespeare lus par un récitant vivant son texte jusque dans les moindres nuances. Car le cinéma peut se faire hybride.

Cerise sur le gâteau, j’ai également rencontré des artisans du cinéma, passionnés par leur métier : le réalisateur Michael Radford et l’acteur Barry Ward.

Merci les Ecrans Britanniques, merci Nîmes, et à l’année prochaine !


Nicolas Botti,
créateur du site http://www.cinemaderien.fr


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